Le Maire de Senlis a lancé il y a un peu plus d’un an la création de conseils de quartier. L’idée était déjà dans l’air, car certains quartiers, comme Bon-Secours avaient mis en place un comité d’intérêt local avec le concours de l’Éveil senlisien.
Certains membres de l’Éveil senlisien avaient rallié ces conseils, ce qui paraissait naturel lorsque nous connaissons l’esprit de participation qui anime nos adhérents.
En tant que membre j’ai assisté à la totalité des conseils de quartier jusqu’à ma démission au bout d’un an environ. C’est donc à partir de cette expérience que j’’écris ces quelques lignes.
Fidèle à l’esprit de l’association, je ne mettrai pas en cause les personnes. Tous les participants ont fait au mieux dans le cadre qui leur était assigné. Les critiques qui vont suivre n’ont donc pour seul but que de faire connaître les raisons qui m’ont fait quitter cette structure, ce qui a peu d’intérêt pour le lecteur, mais surtout pour proposer des solutions.
Tout d’abord, en tant que citoyen, balayons devant notre porte. Car la Mairie avait lancé un appel au volontariat pour proposer 4 places aux habitants de notre quartier, qui devait être suivi par un tirage au sort pour déterminer les personnes pouvant siéger au conseil de quartier. Il n’y a pas eu besoin de tirage au sort car seulement 4 habitants s’étaient proposés. Pour mémoire nous sommes environ 2500 électeurs sur Bon-Secours. Un deuxième groupe devait être composé d’habitants tirés directement au sort sur les listes électorales. Les premiers gagnants ont tous refusé, et pour le deuxième tour je n’ai vu qu’un seul habitant venir régulièrement. La démocratie participative ne se décrète pas elle s’acquiert. C’est d’ailleurs une de nos interrogations majeures, comment faire revenir les habitants dans des structures véritablement participatives ?
Pour simplifier deux catégories d’intervention par les habitants ont été identifiées :
– la critique de l’existant,
– de nouveaux projets.
Très rapidement nous nous sommes aperçus que la première catégorie n’avait pas les faveurs de la municipalité. L’objectif était très nettement d’identifier des projets utiles mais peu chers et simples à mettre en œuvre. Les réponses les plus fréquemment entendues, furent : c’est cher, c’est compliqué, ou c’est cher et c’est compliqué.
Les problèmes du quotidien, ceux qui viennent dans les conversations, ne sont pas les plus simples à résoudre, tournent autour de quelques problématiques récurrentes. L’état de la voirie (trottoirs abimés, chaussée aux multiples trous, véhicules stationnant sur les trottoirs), l’insécurité routière (vitesse excessive dans le quartier, déplacements piétons ou cyclistes dangereux), les incivilités (déjections canines, tags, points de deals, détritus, poubelles non ramassées, tapage nocturne, haies débordantes).
Une autre problématique qui ne s’arrête pas aux limites du quartier, c’est le défaut de communication. Pourtant il y avait un début de réponse en créant une adresse courriel pour les conseils de quartier, permettant ainsi une communication entre les habitants, les représentants du conseil et les services de la Mairie. Malheureusement cette ligne ouverte n’a pas eu le succès escompté. Les raisons sont diverses, et les expliciter permettra d’aborder les solutions.
L’adresse des conseils de quartier n’a pas, même à ce jour, été indiquée sur le site de la mairie. Ce qui est un début d’explication sur le peu de retours provenant des habitants.
De même les conseils de quartier devaient être informés des activités majeures impactant leur quotidien. Ainsi ils auraient pu répondre aux interrogations des habitants. Aucun message de la Mairie malgré les différents travaux engagés dans le quartier, travaux rénovation Clésence, mise aux normes accessibilité abribus, fermeture du parc écologique, travaux Beauval, la toiture de l’Argilière mesures qualité de l’eau etc…
La boîte à idées, a été déposée dans un bar dans un lieu peu visible, ce qui n’a sans doute pas facilité l’expression populaire.
Les membres du conseil de quartier avaient souhaité disposer d’un local pour accueillir les habitants, dialoguer avec eux, organiser des actions de partage. Après plusieurs demandes répétées auprès du bailleur, la réponse a été négative. Comment voulez-vous créer du lien sans un lieu d’accueil ?
Nous avons pu voir que c’était possible aux fours à chaux, la proximité du président d’association avec les services de la Mairie a sans doute facilité les choses.
Un projet assez simple qui verra peut-être le jour prochainement, la mise en place d’une boîte à livres. L’idée reprise et améliorée par la Mairie en y associant le collège Fontaine des prés a joué de malchance et un sérieux retard a été pris, mais nous devrions voir fleurir la boîte après le printemps.
Je ne passerai pas en revue les différentes propositions émises par le conseil mais si 3 des 4 habitants volontaires ont exprimé leurs regrets sur le fonctionnement de la structure en démissionnant, il y a sans doute pour le moins un déséquilibre entre les attentes des habitants et le fonctionnement de la structure.
Quelles solutions ?
Au sein de l’Éveil senlisien nous recevons les doléances des habitants, leur ressenti, leurs attentes. Et le sentiment que les quartiers sont des laissés-pour- compte par rapport au centre est prégnant. Par exemple, certains habitants ne se disent pas de Senlis mais de Bon-Secours. Il y a à la fois un fort sentiment d’appartenance à un quartier, à son identité, ce qui est positif, mais aussi à rebours une désaffection envers le centre assimilé aux riches bourgeois senlisiens.
Il faut donc recréer du lien entre habitants du quartier mais aussi entre les quartiers eux-mêmes et le centre. Le lien doit d’abord être physique. Il faut donc améliorer les mobilités douces. Si le TUS gratuit est un véritable plus pour les habitants, sous réserve qu’il respecte les horaires, il n’en n’est pas de même pour les piétons et les cyclistes. Et là nous rentrons dans la catégorie c’est compliqué et c’est cher. Car pour améliorer il faut mettre en place une politique onéreuse et contraignante. Onéreuse car le montant des travaux de voiries est exorbitant, et contraignante car il faudrait user de mesures coercitives pour ramener les véhicules sur la chaussée et non sur les trottoirs. De même il faudrait mettre en place de véritables pistes cyclables et non des silhouettes peintes sur le sol qui n’assurent aucune sécurité.
Il est indispensable que le quartier dispose d’un local, un lieu ouvert facilitant la rencontre. Lors de mes promenades je voyais parfois des mères de famille ouvrant la porte de garage pour poser sur le parking quelques chaises de jardin afin de pouvoir bavarder entre voisines.
Les déambulations de l’équipe municipale sont intéressantes mais ce n’est pas le meilleur moyen pour rencontrer les habitants lorsque les déplacements se font en milieu de journée, période durant laquelle les « actifs » sont sur leur lieu de travail. Un local semi-permanent pourrait être une partie de la solution.
Au sein de l’Éveil senlisien nous nous efforçons de mettre en œuvre des opérations qui ont pour but d’améliorer les liens entre les habitants. Ce fût la page Facebook, puis la création de l’association, la Gazette avec ses diverses rubriques pour mieux connaître la ville et ses habitants, les promenades commentées, les permanences, la distribution de questionnaires, de cendriers de poche, la rencontre avec les commerçants, la participation aux ateliers de réflexion et d’autres encore.
Comme chat GPT est dans l’air du temps je lui ai posé la question des relations entre le Maire est ses administrés. Voici sa réponse
Les relations entre le maire et ses administrés peuvent être définies comme étant des relations de représentation et de responsabilité. Le maire est élu par les citoyens pour représenter leurs intérêts et veiller au bon fonctionnement de la municipalité. En tant que tel, il est responsable devant ses administrés de la gestion de la ville et de la mise en œuvre de politiques publiques répondant aux besoins de la population.
Les administrés ont quant à eux un rôle important à jouer dans la relation avec le maire. Ils peuvent exprimer leurs préoccupations, leurs besoins et leurs attentes à travers différents canaux de communication tels que les réunions publiques, les lettres ou les pétitions. En retour, le maire peut répondre à ces préoccupations en prenant des mesures pour améliorer la qualité de vie des administrés et pour répondre à leurs besoins.
En somme, les relations entre le maire et ses administrés sont basées sur une dynamique de communication, de représentation et de responsabilité mutuelle. Le maire est chargé de diriger la ville en accord avec les besoins de la population, tandis que les administrés ont la responsabilité de communiquer leurs préoccupations et de participer activement à la vie de leur communauté.
En résumé un début de solutions serait de considérer les habitants comme de véritables partenaires avant des prises de décision majeures. Les derniers exemples tels que la fermeture de la piscine d’été, la vente du chalet de Samoëns, l’arrivée d’Amazon, ou la piétonnisation, ont montré tout l’intérêt d’associer les habitants à la réflexion mais aussi à la décision. Communiquer sur les décisions ce n’est pas coconstruire, c’est simplement de l’habillage. Il faut expliquer, présenter les dossiers, les faire comprendre puis faire voter la population sous forme de référendum local.
La démocratie représentative est en perte de vitesse, c’est un constat, huit Français sur dix souhaitent pouvoir contribuer au changement des règles du jeu politique (« Malaise démocratique : comment sortir de la crise ? » Paris, Fondation Jean-Jaurès, mars 2023). Il nous faut donc réinventer la démocratie locale. Il ne faut donc pas que les mairies se transforment en palais avec ses courtisans, protégé par une double muraille, et ses douves.